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annetadame

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Ce blog est né de l'envie de partager mes états d'âme durant la promotion de mes deux derniers livres publiés, l'autodérision comme une arme... Aujourd'hui il est une porte entrouverte sur mon laboratoire d'écriture avec des textes issus directement de mon carnet du moment et qui trouveront place dans un livre en cours ou pas. Merci de votre passage.

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Publié le par Anne Dejardin
Publié dans : #littérature, #photographie, #Vidéo

Cécile a tout pour écrire, l’histoire, les prénoms, le secret. Il n’y a plus qu’à remplir. Elle peut partir de sa tristesse, mais on devrait plutôt parler de dévastation. Quels mots avait employés le coach au juste ? Quelles questions lui avait-il posées ? Étranges, si on y repense. Étiez-vous heureuse avant ? Il parlait d’avant qu’elle le mette à la porte bien sûr. Sans hésitation elle avait répondu oui. Il était très gentil, très présent. Présent, c’est le mot qu’elle avait utilisé. S’était-il étonné en silence de sa réponse. Avait-il eu peur de soulever le lièvre ? Il avait bien dû y penser, se demander comment diable on pouvait être très présent dans de telles circonstances ? Votre façon de vivre ne regarde que vous, il a dit à la fin de l’entretien. Si vous étiez mieux avant, pourquoi vouloir changer les choses ? À cause du regard des autres ? À vous de définir votre propre way of life. Pourquoi avait-il prononcé ses mots en anglais ? Ils restaient à flotter comme panneau lumineux au fronton d’une enseigne. Ils lui faisaient le même effet. Dérangeants de trop de présence. Sur la façade aussi, les lettres pour nommer la villa où il l’avait installée voici six ans. Pour qu’elle puisse écrire au calme, loin de l’agitation parisienne. Et pour la naissance de l’enfant, l’air de la mer, ce serait bien. Avec le TGV, en une heure, il serait là. À peine plus long que ses trajets journaliers quand ils vivaient à Paris. Avec l’aéroport proche, pour les voyages si fréquents qu’il devait faire pour le boulot, ils ne verraient pas la différence. Elle avait toujours rêvé de vivre au bord de la mer. Elle avait accepté. Le petit était né. L’école était à cinq-cents mètres de la maison. Et le club de voile à deux pas. Lorsqu’il lui avait fait visiter la villa, une fois la voiture garée sur le bas-côté, là où tous les emplacements seraient pris d’assaut en juillet et août, mais on était au printemps, le soleil était présent et le quartier désert, elle retrouverait cette alternance entre une vie retirée d’écrivain et une agitation bénéfique à portée, c’est ce qu’il avait expliqué. Depuis le siège où elle était encore assise, le nom de la villa était bien visible, La passagère. Elle y avait vu quelque chose de romantique, une belle dont on s’empare pour l’enlever sur un beau cheval blanc. C’est étrange maintenant qu’elle y repense. Comment le côté éphémère du nom avait-il pu lui échapper à ce point, elle si attentive aux signes. On ne voit que ce qu’on veut voir décidément. Six ans qu’ils y vivent à l’année. Elle a tiré l’échelle depuis le garage jusqu’aux lettres malveillantes. Elle a déniché un marteau dans la caisse à outils au contenu sommaire, personne n’a le temps de bricoler dans cette baraque. Et ça sonne dans sa tête comme un reproche. Une sorte de burin ou de coin métallique, elle ne sait pas trop. Pense qu’il fera l’affaire. Depuis une heure, elle tape, elle effrite. Les lettres inscrites dans le crépi ancien de la façade s’accrochent avec une énergie qu’elle n’avait pas soupçonnée. La boucle du G est la plus rétive. Le burin et le coup de marteau dérapent et glissent dans le creux à côté. Elle tape de plus en plus fort. Lorsque tout est fini, l’échelle et les instruments rangés, elle se sent vidée. Elle n’a plus de colère en elle. Sa décision est prise. Elle va la rebaptiser. Le secret. Ce sera affiché, fiché dans le béton. Elle en fait son affaire. Elle peut lui dire maintenant. Qu’il peut revenir. Reprendre la vie d’avant. Avant que Cécile ne se rende compte que Laurent menait une double vie. Qu’il était marié à Juliette et qu’ils avaient deux enfants.  

 

Mon intention :

Pour continuer mon travail Le nom qu’on leur a donné… Résidences secondaires d’une station balnéaire de la Manche. Une photo par jour, c’était sur ma page La vie en face ne vous déplaise | Facebook. J’avais volontairement laissé hors champ la villa. Parce que, avais-je écrit, « à regarder seulement la photo du nom de baptême, c’était comme regarder par le trou de la serrure et depuis ne rien voir, inventer, on pouvait ». C'est donc ce que je fais ici : pour chaque nom un bout de leur histoire dévoilé.

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