
Elle marche les mains pleines, os de sèches, galets, ne pas perdre la clé de voiture. L’air de la mer est euphorisant, elle l’a lu quelque part. Les galets ont des formes de cœur ce matin. Cela ne peut pas être un mauvais jour.
Partie à la recherche de lieux à décrire, intérieur, extérieur, c’est la proposition 8 de l’atelier d’été[1]. Et il lui en faut huit. Il y a bien Ker Suzanne tout au bout. Face à la mer elle n’en finit pas de pourrir. Elle effraie aussi avec des allures de château hanté que lui confère un choix de blocs de granit sombres et bruts qu’aggrave encore son délabrement. Elle ne fait envie à personne à part à elle bien sûr. Mais elle a déjà écrit à son sujet, toute une nouvelle, si elle s’en souvient bien. Elle va lâcher l’affaire. S’occupe plutôt de ce qu’elle voit à ses pieds. Ramasse.
Une voix de femme crie : Raphaël, Raphaël. Elle s’adresse à un groupe de plusieurs personnes qui lui tournent le dos et que le temps gris n’a pas découragées. Ils vont se mettre à l’eau. Raphaël. La voix insiste, répète, hausse le ton pour que le vent n’emporte pas le prénom ailleurs. Elle, les mains pleines, s’est redressée. Attentive, elle attend. Quelqu’un parmi eux va se retourner. Voilà Raphaël, c’est lui. Il est métis. Evidemment, comment n’y a-t-elle pas pensé. Beau, élancé et black.
Raphaël fut un enfant adopté. Adulte il eut de brusques accès de dépression. Il cassa ses pinceaux, hurla, pleura, quitta, fut quitté.
Voilà comment elle ramena un peu plus de Raphaël à la maison juste en ramassant des coquillages.
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Avec la fin de l’histoire aussi.
[1] François Bon https://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3982