Qu’est-ce qui m’oblige après tout à « obéir » à Anaelle ? Puisqu’on sait tous que ce n’est pas Ziva, que son père ne dirige pas le Mossad, qu’elle est loin, que je ne risque rien… Pourquoi me suis-je prise au jeu de Facebook ? Voilà qui mérite réflexion !
A chaque difficulté me vient la volonté de trouver d’urgence la solution. C’est une sorte de réflexe de Pavlov développé dès mon plus jeune âge. Disons plutôt qu’on l’a fait naître en moi et on l’a entretenu. En particulier à l’école, en mathématiques dans une matière appelée plus précisément « Problèmes ». Là s’est forgée ma spécificité sur terre, j’étais celle qui est « bonne en problèmes ». Ces histoires de baignoires qui mettent tant de temps à se remplir ou de trains qui se croisent… Allez savoir ce qui a bien pu me séduire là-dedans ! Sinon d’être presque toujours capable de trouver la solution. Et la vocation m’a habitée sans qu’on ait eu l’honnêteté de me prévenir que ces fameux problèmes n’allaient jamais cesser de se corser jusqu’à l’ultime : accepter avec sérénité sa propre mort !
Préparer sa présence sur Facebook, c’est la directive numéro 1 d’Anaelle pour la promotion. Je vérifie la terminologie exacte et je constate qu’elle n’a pas employé le mot « directive » mais « étape ». C’est plus soft en effet, plus efficace aussi, avec ce petit côté accessible. Etape. On pense au repos promis à chaque palier, on aura le droit de souffler… C’est un mot qui motive aussi avec sa notion d’échelon, il éveille l’envie du compétiteur sans le décourager. Il s’agit de se rendre accessible, explicite-t-elle. Quoi ? Qu’a-t-elle dit ? Me recommander cela à moi, c’est sûr qu’elle n’a pas lu mon livre ! Le chapitre intitulé Trois Portails page 65. Toujours est-il que j’y suis allée sur Facebook, créer une page… C’est dire si elle est convaincante, Anaelle !
Une fois sur Facebook, écrire, publier, modifier des photos en y incluant un texte, trop bien, je réussis, ça prend des plombes, j’améliore, coller une étiquette, rajouter du texte, j’enregistre, encore du temps, il tourne, le petit cercle bleu sur l’écran aussi, j’attends, rien ne se passe, ça tourne, ça tourne, je me les tourne, il tourne sot, les jolies modifications ne sont pas sur la page et à part tout recommencer il n’y a rien à faire, réessayer, ça vient d’Overblog, ça vient de Facebook, toujours sans succès, l’après-midi est passée. Ça ira mieux demain… ou pas. Mais souvent c’est le cas. Et on peste d’avoir insisté pour rien au lieu de remettre à plus tard ce qu’on voulait faire le jour-même.
Pareil pour m’inscrire sur Amazonmarket pour y vendre comme vendeur particulier mon premier livre… Trois jours il m’a fallu ! Mon téléphone qui devait me permettre de transférer aisément par mail les photos qu’il venait de prendre décide de ne plus laisser sortir mes messages, connexion au serveur impossible… Et ça lui prend comme ça, pile au pire moment ! Non, je n’ai touché à rien, je le jure ! Aller sur google, poser la question, lire 24 réponses, quel serveur, imap, pop, popom popom, type de sécurité, quatre choix, des lettres en majuscules, port, 993 ou 15, c’est du pareil au même pour moi, je fais ce qu’on me dit sans jamais comprendre de quoi on me cause, je les tente tous, une des réponses finit par être la bonne, ça remarche, une autre demi-journée… et plus aucune idée de ce qui a fini par marcher… une autre demi-journée sera perdue quand le problème se posera à nouveau.
Obtenir un avis ou une critique d’une bloggeuse littéraire, bonjour, me présenter, demander, moi qui n’ose pas frapper à une porte ou appeler une amie de peur de déranger… Me forcer, passer au-dessus de mes blocages personnels et discuter. Nouvelle expérience, répondre à trois personnes en même temps, ce n’est plus de mon âge tout cela, comprendre leurs abréviations, on se parle par mp, ok mais c’est quoi, taper « c’est quoi mp ? » et savoir qu’aussitôt je me colle une étiquette de dinosaure sur le dos mais me réjouir sagement d’avoir eu le nez de me présenter telle de moi-même au début… Des bénéfices de l’humilité…
J’obtiens des réponses, ils sont mignons tout plein ces gens que je sollicite, c’est vrai, drôlement sympas ces réponses d’êtres humains qui ne me connaissent ni d’Eve ni d’Adam et qui sont ok pour me lire et m’écrire un avis. On aurait presqu’envie de s’en faire des amis, si on avait du temps, mais ça on n’en a pas, ni eux ni moi. Mais comment ? Je n’y crois pas : ils demandent une version papier ! Alors si eux, les bloggeurs, ne lisent pas d’e-book, on se demande bien qui en lit… pas moi, c’est sûr, à part des trucs pas chers que je lirai en diagonale comme on zappe sur de mauvais films à la télévision. Ils veulent bien me lire mais version Broché. Il va falloir leur en envoyer à chacun et je compte sur mes doigts et je trouve que ça fait beaucoup de gens sympas... Ont-ils une idée de combien ça va me coûter ? Pour une chronique sur un blog que mes lecteurs potentiels n’iront jamais consulter, pas plus que mon blog ou ma page Facebook !
Parlons-en de ma page Facebook ! Elle se retrouve liée à mon profil et à mon journal Facebook, celui-là que je ne veux visible que par mes amis. Et je ne parle pas d’amis genre Facebook, mais bien d’amis triés sur le volet, et c’est ainsi que je préfère ignorer bon nombre d’invitations. Mais Maman, ça ne se fait pas tout, me dit ma fille horrifiée. Et voilà les deux liés, pire que des sœurs siamoises inopérables. Du moins c’est l’idée que j’en ai. Si la page qui parle exclusivement de mon livre est publique, mon journal le devient automatiquement ! Reste à restreindre ma page aux amis… et donc ma page ! Comme méthode publicitaire, il doit exister mieux ! Une publicité confidentielle et réservée aux amis avec qui on a de fréquents contacts et qui sont au courant… Génial pour moi qui ne veux être lue que par des inconnus, pas par ma famille. Extraordinaire Facebook : en résumé j’ai créé cette page pour du beurre, mais bien sûr il me faudra certainement sacrifier toute une autre journée pour trouver comment la supprimer…
Mais avant, juste avant, y publier un événement, oui ça je sais faire, en inonder mes amis, mes ennemis, ma famille, mes proches avec ce texte :
Urgent, cherche nègre bloggeur, son prix sera le mien, mais non pas pour écrire, ça tout le monde, vous, moi, chacun peut le faire lui-même, un nègre pour s’occuper des huit directives du plan de lancement du Publishroom. Je viens de créer une nouvelle appellation : le nègre bloggeur. Un ingénieur à la Nasa retraité, maîtrisant le français, conviendra aussi. Bon pédagogue, c’est finalement superflu, car je compte lui passer absolument toutes les commandes.
Quel budget, l’écriture !