Je vais vous parler d’un livre qui fait du bien… A qui ? A nous les auteurs, les autoédités, les publiés peu lus, les écrivains qui écrivent en attendant d’être publiés, les écrivants des ateliers d’écriture qui attendent que leurs ailes grandissent pour envoler leurs pages jusqu’aux lecteurs. Un livre qui fait du bien, qui parle vrai, un livre qui ne laisse pas sur le carreau, un livre qui ne nous fait pas croire au miroir aux alouettes… Un livre qui parle d’autoédition…
« Encore ! Non, pas ça, il y en a mille ! Un de plus, pourquoi, ils sont pléthore, ne contiennent que des promesses, des marches à suivre, parfois des stratégies carrément incompréhensibles, on en ressort lessivé, plus découragé qu’avant et furieux d’avoir payé pour cela, on ne m’y reprendra plus. »
Celui-ci est différent ! Déjà, il est gratuit !
J’aurais peut-être dû me demander pourquoi. C’est ce que je fais seulement au moment où je le télécharge précisément pour cette raison : sa gratuité ! Au pire je ne le lirai pas. C’est ce que je me dis. Mais alors il me faudra fournir un autre effort : abandonner le livre au beau milieu ! Mission presqu’impossible pour moi qui suis d’une race de lecteurs en voie de disparition, ceux qui lisent jusqu’au bout même si c’est nul, même si c’est ennuyeux, même si…
Un livre qui a du succès est un livre qui tombe à pic, c’est ce que dit l’auteur. Et le sien est tombé à point nommé, ce point que j’appelle découragement, envie de jeter l’éponge. Et oui, il est arrivé à moi à l’époque où mon éponge était gorgée de l’ennui de la promotion ; elle pesait si lourd que je pensais l’avoir avalée par mégarde et elle me restait sur l’estomac. Nausées, ballonnements, renvois, étouffement,… Par moment je m’allégeais en écrivant sur mon blog. Certes c’était encore de la promotion, mais c’était aussi de l’écriture. Aussitôt j’avais la sensation de sortir la tête hors de l’eau. Ça n’avait qu’un temps, déjà je replongeais et suffoquais à nouveau assez vite. Mon coach m’avait mise en garde, je n’avais rien voulu entendre. Toi, tu écris, il répétait. Je faisais la sourde oreille au début. Ensuite je lui ai répondu : la promo, le plan de lancement, je veux m’y consacrer, donner une chance à ce livre, tu comprends… Oui, certes mais peut-on passer sa vie à faire du bouche à bouche à quelqu’un qui balance entre la vie et la mort ou se substituer à la machine qui aide à respirer celui qui est plongé dans le coma sans y perdre soi-même le souffle ? Là encore ma réponse était oui. C’est qu’avec de la volonté je crois toujours que je vais pouvoir faire des miracles. Mais n’est pas Dieu qui veut ! Ça ne s’improvise pas. [1]
Alors lire ce qu’écrit cet auteur, c’est comme attraper une bouée de sauvetage lancée au bon endroit au bon moment. Le mourant, c’était moi et je ne le savais même pas.
Que faut-il en déduire ?
J’en tire deux conclusions intéressantes.
1.Le succès est impossible à prévoir.
« […] Vous n’avez pas toutes les cartes en main, pas plus qu’un éditeur ne les a, cela ne dépend pas de vous, du moins pas entièrement. […] Un travail acharné est une condition nécessaire pour viser un succès lent, mais pas suffisante. Il existe des centaines d’auteurs talentueux qui ne percent jamais et qui ne bénéficient tout au plus que d’un succès d’estime. C’est injuste, mais c’est ainsi ! […] La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez vous libérer d’un gros poids : puisque le succès est imprévisible et ne dépend pas de vous, faites-vous plaisir, sentez-vous libre d’écrire ce qui vous plaît, comme il vous plaît ! N’essayez pas de vous fondre dans un moule d’écriture qui ne vous correspond pas, ne vous demandez pas à chaque page ce qu’il faut faire pour plaire au lecteur. Ecrivez pour vous, parce que vous en avez besoin, parce que vous aimez ça, parce que ça vous fait du bien…écrivez pour toutes les raisons du monde, mais pas pour le succès ! Plus vous l’accepterez pleinement, plus votre rapport à l’écriture et à la publication sera libre, sain et source de plaisir. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Bien sûr, il faut travailler dur votre écriture, repasser cent fois votre ouvrage sur le métier. Bien sûr, il faut sans cesse chercher à professionnaliser votre démarche, à lire beaucoup, à travailler la technique d’écriture comme un artisan apprend à utiliser ses outils, à faire une promotion la plus large possible. […] Si le succès doit venir, il viendra. Et si ce n’est pas le cas, le plaisir d’écrire sera intact, vous connaîtrez la satisfaction d’un accomplissement personnel, du travail bien fait, vous ne finirez pas aigri et continuerez d’écrire pour vous. Et puis, qui sait, peut-être qu’avec votre prochain livre tout sera différent… »
2.Le succès ne dépend pas que de la promotion.
« […] En tant qu’auteur, votre rôle est de préparer les brindilles et les pommes de pin, puis de craquer l’allumette. Ensuite, souffler régulièrement dessus pour l’aider à partir. C’est à cela que sert votre travail de promotion. Pour que le brasier du succès prenne corps, il faut ensuite qu’un certain nombre de conditions soient réunies, que l’alchimie fonctionne, et vous n’y pouvez rien.
Ce qui dépend de vous : […] il est bien évident que vous aurez beau écrire le meilleur livre du monde que tous les lecteurs attendent, si vous n’en parlez jamais à personne et ne faites rien pour le faire connaître, il restera à jamais inconnu.
[…] Ce qui ne dépend pas de vous : S’il n’y a pas de bois aux alentours ou si la pluie tombe, votre feu ne partira pas, et vos efforts n’y feront rien. Un livre à succès, c’est non seulement un très bon texte, mais aussi un livre publié au bon moment, au bon endroit. C’est un livre qui touchera les lecteurs au plus profond. Un livre qui aura attrapé quelque chose de son époque. Personne n’est capable de l’anticiper, même pas les professionnels les plus expérimentés. Cette part de magie fait aussi la beauté de l’édition ! »
Il a raison, l’auteur. Son livre me touche au plus profond parce qu’il arrive au bon endroit au bon moment, c’est-à-dire sous mes yeux et au moment où je cherche à comprendre et à définir la part de ma vie que j’abandonne à la promotion, celle que je retranche mathématiquement à l’écriture pour la consacrer aux blogs, à Facebook, au tour des librairies, aux salons, aux correspondants de presse, à soudoyer les amis pour qu’ils envoient le communiqué de presse à leur mailing liste, j’en passe et des meilleurs, non je crois honnêtement une fois de plus avoir tout dit, même ce qu’il faudrait taire, selon mon habitude, cette façon de transgresser la loi du politiquement correct de ce qui ne se dévoile pas et qui est en définitive ma marque de fabrique.
Ce livre me réconcilie avec l’essentiel à savoir mon écriture, l’essence de mon projet de vie et pas tout ce qui papillonne autour et auquel il faut réserver un temps obligatoirement limité afin de raison garder.
Alors je vous ai convaincu, n’est pas ? Vous souhaiteriez connaître le titre de cet ouvrage et l’identité de son auteur. Eh bien, tout se trouve sur la couverture, mais malgré cela je n’ai fait le rapprochement qu’après : le lien entre la gratuité et la personne qui avait écrit. Il s’agit de Jean-Yves Normant, fondateur de Bookelis, comme stipulé sous son nom. Le titre en grand en gras en clair : Autoédition. Avec en sous-titre mais visible « les clés du succès ». Tout de même il faut bien vendre, même quand c’est gratuit ! Et tout en dessous mais lisible, extrêmement, sinon à quoi bon, « création et promotion de livres aux formats papier et numériques » et une flèche comme un éclair ou une fulgurance qui part de la gauche et monte vers la droite, l’avenir, qui est remplie de visages différents, symbolisant la manne des lecteurs touchés et le succès du livre.
Je suis sadique, je retarde le moment de vous montrer la couverture en vrai. Il vous faudra encore taper ce le lien ci-dessous : https://www.amazon.fr/gp/product/B016OTT754/ref=pe_2819081_182127261_em_sim_14_ti
Alors voilà, même s’il y a déjà deux fois succès sur la couverture de ce livre, je le recommande, parce qu’il fait du bien, qu’il est juste et tant pis si ça fait plein de nouveaux clients pour Bookelis, tant pis si insidieusement par ses propos Jean-Yves Normant s’assure que nous continuerons à écrire un livre après l’autre même si aucun ne fait un tabac, tout en enrichissant Bookelis, puisqu’écrire et le vivre bien, avec la recette dont il vient de nous livrer le secret, c’est avant tout nous enrichir nous.
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/46531
[1] L’état qui m’habitait au début de la promotion et que je décris n’est plus du tout le même aujourd’hui. J’ai trop tardé à publier cet article… A moins que la lecture de ce livre ne m’ait aidée à le dépasser.