Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
annetadame

annetadame

Ce blog est né de l'envie de partager mes états d'âme durant la promotion de mes deux derniers livres publiés, l'autodérision comme une arme... Aujourd'hui il est une porte entrouverte sur mon laboratoire d'écriture avec des textes issus directement de mon carnet du moment et qui trouveront place dans un livre en cours ou pas. Merci de votre passage.

Publié le par Anne Dejardin
L'herbier des rayons de Xavier Houssin

Il y a un mur épais entre la poésie et moi. Je n’aime que les mauvais poèmes. Ceux où tout est clair, énoncé, compréhensible. Autant aimer les mots et rester en dehors de la poésie, exclue du sérail, honteuse mais ferme ! Décidée. Camper sur mes positions.

Un jour j’achète ce petit livre, déçue un peu : je veux lire cet écrivain et le libraire n’a en magasin que ce livre de poésies. Vingt euros. C’est cher, dit le libraire. Sous-entendu, pour ce que c’est… J’acquiesce, mais je l’emmène. L’ouvre pour voir ce qu’il a dans le ventre au-delà de son titre « L’herbier des rayons » et de son auteur qui anime les rencontres littéraires de Carolles.

J’hésite à parler en premier de l’auteur ou de ce que contient ce petit livre entre mes mains, fort plaisant au toucher, sobre, discret mais à mieux y regarder, tout ce qui est tracé sur la couverture et sur sa quatrième est recherché, rien n’y a été posé au hasard. Même le nom des éditions, Caractères, donne de l’étoffe et on ne l’a pas encore ouvert… Vert, la couleur des versos de la couverture, vert du malheur et du mauvais sort ailleurs, ici vert pour l’écrin d’un herbier, quoi de plus naturel en somme ?

Les deux premières pages écrites par l’auteur expliquent la conception de cette œuvre, le parti pris du poète et les circonstances de l’écriture. Elles pourraient presque suffire. Elles sont essentielles. Ce qu’elles me furent, fondamentales aussi, comme on prend par la main, main glissée dans celle de l’enfant terrorisé dans la cour d’école. En face de chaque poème, l’auteur a placé une photo d’une pousse dénichée lors de ses déambulations de hasard tout autour de l’hôpital où il subit régulièrement une radiothérapie et qu’il a fait sécher en rentrant chez lui à la façon des herbiers de son enfance.

Des pousses de rien du tout, autant de mauvaises herbes pour moi, qu’il faudrait arracher, mais des pousses insoumises qui ont cette particularité de repousser, chacune à leur niveau, le bitume et le bulldozer. Des pousses qui ont perdu la troisième dimension d’avoir été réduites, écrasées par deux buvards, enfermées sous le poids des dictionnaires, puis ressorties de l’enfer pour subir la lumière de la résurrection par le photographe et les voilà éternellement vivantes et touchantes de platitude. Leurs racines filandreuses semblent encore bouger, filaments d’étoile, frémissant comme des cheveux d’ange. Et pour vingt euros, j’ai le droit de les emmener chez moi…

Je lis, je relis, j’observe les plantes et leurs racines, mon œil larmoie à tenter de les mémoriser jusqu’à ce que ma plume recrache chacun de leurs méandres scannés par mon cerveau dans une exactitude parfaite… Je lis et je copie. Je lis encore. Je prélève, j’écris à partir de ma pêche miraculeuse. Frauduleuse.

 

Ecrire à partir de...

Ecrire à partir de...

Sans enfant à attendre. Tendre les bras. Sans embrasser. Bras baissés. Baisser les bras. Embrasser le vide. Brassées de vide. Ventre en creux. Creuser le fouillis sauvage. Trouver l’étoile tombée. D’un baiser la relever. Lever les bras. Plus haut. Bras hauts. Bravo. L’envoler jusqu’au ciel. Tir d’étoile réussi.  Ressuscitée d’entre les morts. Jour de Pâques pour l’astre. Qui brille au firmament. Maman…

Seule à me souvenir. Venir quelqu’un ? Non, personne ne vient. Souverain l’insecte dans sa lenteur. Sans enfant à attendre. Tendre l’arc. L’archet de la métaphore. Retour de bâton. Impact : cible touchée. Aucun lien ne se fait. A cause de l’absence d’enfant. Les mots ne s’enchaînent pas, comme un sort qui s’acharne. Il faut au début la lenteur de l’insecte, quand le maître positionne sa flèche et qu’ensuite il tend la corde. Temps de latence obligé. Rien à attendre. Enfant ou cible.

Pour que les mots s’enchaînent et se répondent il faut la cible, accepter qu’il n’y aura pas d’enfant, chérir le souvenir comme une étoile tombée dans le fouillis sauvage.

Souvenir sous-verre souverain. Briser la vitre, éclater quelque chose, écrire dans les brisures, accepter parfois de saigner, un peu, goutte pourpre au cœur de la fleur, qui déborde, sort de son lit, suit sa propre logique qui n’est pas celle de l’encre, la suivre dans la solitude infernale du souvenir, personne n’y vient, n’y convier personne, le partage dénature irrémédiablement, ça ne s’est pas passé comme ça, figer comme on emprisonne dans les mots, alignés côte à côte comme des barreaux, lors d’une première garde à vue, vus, on peut tourner la page. Le procès n’aura pas lieu. Déni du méfait commis. Surtout écrire sans laisser de témoins !

Commenter cet article

Je commande le livre

 

JE COMMANDE

 

 

 

 

JE COMMANDE

 

 

Articles récents

ON EN PARLE

"Pour les adeptes de l'auto-édition dérision !!!" Lectures Familiales

 

"Une bonne dose d'humour dynamise ce récit de vie. Dès le départ, on sent que l'auteure maîtrise bien le jeu de l'écriture. C'est très plaisant et on imagine facilement ce récit à l'oral devant un public" The eden of books

 

"J'ai aimé l'originalité de l'écriture, son énergie, sa fantaisie, la beauté des images et des descriptions (...) Sans oublier les pages d'autoanalyse où j'ai retrouvé des notations de comportements universels d'une grande finesse. Bravo à toi, Anne !" Lire la suite

 

"Avec son nouveau livre, l'auteure "d'une vie normale" vous replonge dans le torrent de la vie. partez avec elle dans l'eau vive, dans les remous, les cascades, l'eau paisible... Laissez-vous emporter par son esprit virevoltant regardant sa vie en face, mais aussi la vôtre, qui s'écoule irrésistiblement vers la mer où se destinent toutes les vies."

 

"J'ai lu ce livre d'une traite, beaucoup de fraîcheur, de sensibilité, d'humour et on s'y trouve aussi souvent qu'on est au seuil de la retraite. merci à l'auteure, ce sont des pages qui font du bien."

 

"Un livre très personnel écrit avec beaucoup de poésie et d'humour. La musique d'une partie de vie avec ses fausses notes, ses rythmes et ses accords."

 

Plus d'avis par ici

 

Hébergé par Overblog