Si j’écrivais un journal pour le blog, j’écrirais du court. Je n’écrirais pas de l’inutile. Je citerais des actions, des spectacles vus, des livres lus, des lieux visités. Je ne parlerais pas de celui d’hier qu’on n’a pas vu parce qu’on s’était trompés de jour. Je ne parlerais pas du soleil dont je guette le lever dans l’angle de la fenêtre proche du canapé pour descendre le volet afin de garder le plus de frais possible au salon et que je n’ai pas vu se lever ce matin, il s’est levé quand même puisqu’il fait jour, mais sans ses rayons qui diffusent dans le V de la falaise, et c’est comme s’il avait tiré un store gris entre lui et nous. Je ne parlerais pas de la pluie invisible et inefficace de ce matin que les sièges de jardin - on peut s’asseoir dessus de suite sans rien avoir besoin d’essuyer. Je ne parlerais pas des trois méduses énormes qui m’ont piquée et fait sortir de l’eau en panique à 7h du matin, quand le soir même des tas de baigneurs y restaient immergés jusqu’au cou, stagnant comme des flotteurs à 22h passées, sans cris, sans panique, à se demander où elles étaient passées. Je ne parlerais que des choses importantes.
Les heures creuses, le blog de Caroline Diaz. L'art du journal...