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annetadame

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Ce blog est né de l'envie de partager mes états d'âme durant la promotion de mes deux derniers livres publiés, l'autodérision comme une arme... Aujourd'hui il est une porte entrouverte sur mon laboratoire d'écriture avec des textes issus directement de mon carnet du moment et qui trouveront place dans un livre en cours ou pas. Merci de votre passage.

Publié le par Anne Dejardin

Choix de l’éleveuse. Oui, il semblerait qu’il n’y ait que des femmes qui proposent des chèvres naines, voire toy.

Sélection faite, je l’appelle. Elle est charmante, passionnée. Je veux savoir à quoi m’engage le fait de choisir un chevreau à élever au biberon, s’il sera malgré tout à même de se réinsérer dans un troupeau, puisque les mois où je ne serai pas en Normandie, j’ai rencontré une personne adorable qui m’a proposé de le mettre avec ses chèvres naines à elle. Je ne voudrais pas que mon chevreau devenu grand pleure sa mère, c’est-à-dire moi, chaque fois que je repartirai dans le sud. Je veux un animal bien dans ses baskets, résistant, et je crains que de l’avoir élevé au biberon ne l’amène pas, adulte, à avoir toutes les cartes en pattes. J’imagine mon bébé devenu « bouc émissaire » dans le troupeau, d’avoir été trop couvé et privé de l’apprentissage des codes de la vie en communauté.

Il s’avère que le « chevreau élevé au biberon » doitvivre à l’intérieur, qu’il dort dans un Vari Kennel[1], mais que le jour où on l’emmène, soyez rassuré, il est habitué au biberon (et oui, il paraît que tous les chevreaux ne l’acceptent pas facilement). Lorsqu’il quitte l’élevage, il est aussi habitué aux chiens, aux chats, à l’aspirateur, à être enfermé lorsque vous n’êtes pas là. Autre avantage, me dit l’éleveuse, son urine et ses crottes n’ont aucune odeur.

Pourvu que mon chien ne les confonde pas avec ses croquettes, ai-je le temps de penser. Et aussi, à qui vais-je faire appel pour venir me faire du chevreau sitting pendant les trois jours où nous allons garder Emma à Arles ? Je suis prête à entamer mon capital, celui dont nous sommes dépositaires de génération en génération, mais totalement privés de la jouissance par obligation de transmission en intégralité par la culture familiale, le diktat, devrais-je dire. Mais là je suis prête à transgresser, une preuve formelle que mon envie est réelle et forte comme une déferlante. J’achèterai donc un très grand vari kennel, des clôtures électriques, une maisonnette de chèvre, bref tout ce qui facilitera notre vie et devrait peut-être éviter que ce bébé devenu grand nous rende chèvre.

Là où je commence à m’effrayer, c’est quand l’éleveuse dit que je deviendrai sa mère (du chevreau) et qu’il sera dépendant de nous.  Que les gens partent en vacances avec leur chèvre... Qu’elle les suit partout, qu’elle grimpe dans la voiture et hop... En voiture Simone !

Mais alors pourquoi n’en ai-je pas vu sur le sable cet été ? C’est la question que je me pose, tandis qu’une espèce d’angoisse commence à m’envahir, avant de trouver la réponse pourtant évidente : la plage comme la promenade est interdite aux animaux en été !

J’ose formuler une petite question : « Si c’est une chèvre-chien, ne peut-on pas lui interdire de monter sur le canapé ? » Avec une belle-fille[2] qui est éducateur(éducatrice canine ?), qui manie le clicker avec une telle pédagogie que les chiens les plus rebelles retrouvent des manières de chien du monde, enfin de gentleman, je me sens en confiance. Sûr qu’elle pourra m’aider ! Chèvre, chien, c’est un peu pareil, non ?

Il s’avère qu’hélas, ce qui est assez facile à imposer à un chien, est impossible à une chèvre. C’est la réponse de l’éleveuse. Vivre avec une chèvre, dit-elle, c’est vivre avec un délinquant chez soi. Ce sont exactement ses propres mots. Je me répète : « Respire, ne panique pas ! » Mais qui peut bien avoir envie de vivre avec un délinquant chez soi ? Personne déjà ne supporte un ado à demeure, même pas ses parents. La chèvre est un animal très têtu, ajoute l’éleveuse. Impossible de lui interdire quoi que ce soit...

Je suis soulagée que mon Homme n’ait pas entendu cela. Une bonne idée d’avoir appelé pendant une de ses rares absences.

« Par contre, elle ne vous détruira rien ! Elle ne mangera pas vos rideaux, n’éventrera pas le canapé... Non, rien ! »

Ça se confirme : un ado en somme ! Des fois que la période où les cinq nôtres l’étaient, ados, et qu’on serait nostalgique... Ou alors qu’on voudrait expérimenter comment notre couple désiste à cela. Vérifier que notre amour a bien la force qu’on lui attribue et qu’il survivra à la cohabitation avec un adolescent que le fait qu’on se soit connu trop tard ne nous a pas permis de tester avec aucun de nos cinq enfants.

Après avoir raccroché en disant que je réfléchissais encore un peu au choix chevreau sevré ou à élever au biberon, je retourne chercher un blog, un forum qui expliquerait la vie quotidienne avec une chèvre ex chevreau élevé au biberon. Le fait que je ne trouve rien ne me réconforte pas vraiment mais me conforte dans l’idée qu’un blog que je tiendrais et où je raconterais mes joies et mes déboires avec une chèvre naine, qui se prend pour un chien mais reste têtue comme une bourrique, devrait me promettre un sujet inépuisable et de belles heures d’écriture en perspective.

J’oubliais juste un détail : comment écrire avec un délinquant dans son salon ?

A la parution de mon premier roman, en 2001, alors que je découvrais que ce que je voulais faire dans la vie, c’était écrire, j’avais accepté de figurer sur une liste électorale. C’était l’époque de la mise en place de la parité au niveau municipal et les femmes avaient bénéficié d’offre de la part de ces messieurs qui, s’ils voulaient continuer à faire joujou en politique, avaient dû se mettre en quatre pour convaincre des femmes de venir s’asseoir avec eux au conseil municipal. Elue adjointe, j’avais expérimenté surtout une vie d’agitation bien peu nourrissante qui ne m’avait plus laissé aucune tranquillité d’esprit si nécessaire aux temps d’écriture. J’avais bien entamé un livre décousu sur tout ce qui avait changé pour moi à partir du moment où je m’étais engagée en politique, c’était assez drôle, mais bien sûr impubliable dans cette petite ville où j’officiais, et ce encore bien davantage que ce que j’ai publié jusqu’ici. Peut-être étais-je en train de remettre le couvert, cette fois en achetant une chèvre, et d’éviter inconsciemment de me consacrer à l’écriture. Mais ma décision était prise.

Demain j’écrirais aux Jardins Victoriens[3] que ma décision était prise, que je signais pour un chevreau à élever au biberon : et que mort s’en suive !

https://www.facebook.com/Elevage-Les-Jardins-Victoriens-chèvre-toy-et-extra-naine-904382472971714/

 

 

[1] Cage de transport pour chien

[2] https://www.facebook.com/AnimAllie.Educateurcanin/

[3] http://www.lesjardinsvictoriens.com/

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Y
Non, j'y crois pas ...Je t'ai toujours connue avec des chiens, mais là, avec un chevreau ??? Ton blog va s'enrichir de témoignages à devenir chèvre !!! Tu vas pouvoir écrire un autre bouc hein, lol
Répondre
M
L'aventure est avec le chevreau ! Suis écroulée de rire !!!!
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