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annetadame

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Ce blog est né de l'envie de partager mes états d'âme durant la promotion de mes deux derniers livres publiés, l'autodérision comme une arme... Aujourd'hui il est une porte entrouverte sur mon laboratoire d'écriture avec des textes issus directement de mon carnet du moment et qui trouveront place dans un livre en cours ou pas. Merci de votre passage.

Publié le par Anne Dejardin
Publié dans : #littérature

Sur proposition de François Bon  dans son cycle l’atelier permanent – Tiers Livre, explorations écriture, j'ai recopié deux fois le texte 3 "A deux" et à la seconde fois tout en retapant le texte, j'ai inclus mes pensées, digressions, réflexions. Dans ce texte-ci, texte 4, j'ai choisi de ne pas distinguer pour des polices différentes le texte d'origine et ce qui en a constitué l'élargissement. J'ai procédé autrement dans le texte 5 à venir.

L’arbre – son nom – sa famille – son espèce et alors tous mêmes feuilles rondes avec ce double renflement du pourtour en face à face et chacune partant de la tige avec sa sœur en parfaite symétrie – eucalyptus – son essence – son huile essentielle et les guérisons possibles – repas préféré des chèvres – sa place – ce que l’autre lui a laissé pour déployer ses branches – son tronc principal à 60° j’aime bien les angles de 60° ou ceux de trente et on peut se demander pourquoi est-ce parce qu’ils sont si faciles à tracer, en deux arcs de cercles c’est fait, il faut juste savoir où planter la pointe sèche, le mot planter étonne placé ici, à défier les lois de l’équilibre et pousser quand même avec une autre branche principale qui résolument prendra force et puissance pour faire contrepoids, comme répartir la charge, balance de pharmacie, ses deux plateaux cuivrés et son coffret en bois pour ranger les poids et les trous pour ceux qu’elle a perdus depuis qu’elle l’a emmenée dans sa classe pour laisser ses petits manipuler, quand manipuler ici c’est pour leur bien, ce qui ne pouvait espérer grandir que tordu, mal foutu, d’une place que l’autre ne lui laissait pas, mais est-ce sa faute à lui, quand tous deux positionnés de la main de l’homme, place assignée aux arbres par l’humain et rarement une bonne idée de laisser l’homme en décider elle m’avait écrit, contrebalancer ce qui ne pouvait espérer grandir que tordu, mal foutu, d’une place que l’autre ne lui laissait pas et par deux fois basculer et s’écraser contre le sol et relevé de la main de l’homme et pour ses racines enfouies c’est pareil, s’insinuer en terrain occupé. Le peu de terre par-dessus la roche de granit qui court tout le long sur cette partie, la roche court quand les arbres emprisonnés dans la terre avec juste le haut échappant à la statique, du village phagocyté par celles de l’arbre voisin et les repousser on n’y parvient pas, force de ce on universel surgi on ne sait d’où, obligé de pactiser un temps, est-ce le temps de l’enfance, pour se frayer un chemin au travers de ce qu’on a pu ouvrir comme pousser les murs, l’image de l’arbre qui prend racines à travers un cadavre enterré dans une forêt et plus beau et plus fort dira l’inspecteur d’avoir une terre nourrie de sang et autres nutriments bénéfiques à sa croissance, parce qu’ouvrir une entaille dans la pierre on n’y était jamais parvenu. Le on ne reviendra plus dans le texte comme on jette l’éponge. Alors il faut longer la paroi granuleuse du granit animé par l’espoir que le plus loin sera moins hostile et c’est épuisement par le bas et aussi par le haut, à tenir contre le vent d’ouest, tandis que le voisin au sud ne protège de rien, le dévie et le nie, lui refuse existence. S’il semble mieux loti, lui à côté, ses feuilles et son écorce sont là pour démentir. D’une forme plus ordinaire ses feuilles d’une couleur plus banale sans la moindre trace de bleu sont tachées de petits boutons de bien mauvais augure. Son écorce se détache en lambeaux qui n’en finissent pas de se recroqueville dans ce qui survit de pelouse, grillée chaque été, envahie de mousse l’hiver, de trop d’ombre et de pluies trop fréquentes. Parfois un vent du nord pousse le tordu vers le majestueux, ses branches bruissant de chuchotements enjôleurs viennent effleurer l’autre comme demande de pacification et un temps on pourrait y croire comme s’ils se donnaient la main, mais ce n’est qu’illusion. Bientôt tombe le vent du Nord et tout reprend sa place comme on rentre dans l’ordre des choses. Revoici l’usage du on, comme nécessaire obligation de revenir à l’universel, arbres et humains. Il y a celui qui est venu en premier et le second planté trop près qui n’a reçu de lumière et de terre que ce qui restait. L’eucalyptus décrit en premier, majestueux, et celui qui pousse dans le peu de lumière restante, dans son ombre, le texte qui s’est écrit. Qu’est-ce qui s’écrit, lorsque ça s’écrit à propos d’un arbre au choix, l’histoire qui se raconte en souterrain, en sous-main. 

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