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annetadame

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Ce blog est né de l'envie de partager mes états d'âme durant la promotion de mes deux derniers livres publiés, l'autodérision comme une arme... Aujourd'hui il est une porte entrouverte sur mon laboratoire d'écriture avec des textes issus directement de mon carnet du moment et qui trouveront place dans un livre en cours ou pas. Merci de votre passage.

photos

Publié le par Anne Dejardin
Publié dans : #littérature, #Audio, #photos

De la gratte. On disait ainsi. L’aura que ça donnait. C’était au fond du jardin. Le jour long de l’été. Et après on allumait des bougies. Les ombres comme des flammes sur ton visage et tout autour tes boucles noires. L’envie d’y plonger les doigts, le mouvement des tiens sur les cordes et la torsion que cela impose au corps, certains accords. Le pin n’avait pas encore été abattu et depuis les chambres on ne pouvait pas trop nous surveiller. Le toit  du pin faisait barrage au regard des parents et nous, assis autour de toi. Celle à qui tu roulais de temps en temps une pelle, on disait sortir avec, se levait régulièrement pour t’apporter ta bouteille de bière. Ce n’était jamais moi. J’attendais mon tour sans rien laisser paraître. J’étais toujours trop jeune. Les étés se suivaient, les filles que tu embrassais changeaient, ce n’était jamais moi. Les autres garçons n’existaient pas. Toutes amoureuses du même ! Mais je serais morte plutôt que de l’avouer. Ton père  musicien, c’est ce que tu disais. On ne l’avait jamais vu ici et tout le monde savait qu’à Paris, tu vivais seul avec ta mère.  Toutes ces années, les longs mois et encore ceux du printemps sans te voir et je me disais cet été ce sera moi. Mais chaque été toujours les autres plus âgées. L’été 1981, la nouvelle est tombée. Tu t’étais suicidé. Ce ne serait jamais moi... Plus tard, quand  j’ai hérité de la maison, c’est le premier nom qui m’est venu. Air Vad, ta guitare. La maison, lui faire porter à même ses blocs de granit rejointoyés quelque chose de ces étés-là, cela m’a semblé une évidence. Comme un soulagement.

Voix de Caroline Diaz à suivre sur son blog "Les heures creuses".

Mon intention :

Pour continuer mon travail Le nom qu’on leur a donné… Résidences secondaires d’une station balnéaire de la Manche. Une photo par jour, c’était sur ma page La vie en face ne vous déplaise | Facebook. J’avais volontairement laissé hors champ la villa. Parce que, avais-je écrit, « à regarder seulement la photo du nom de baptême, c’était comme regarder par le trou de la serrure et depuis ne rien voir, inventer, on pouvait ». C'est donc ce que je fais ici : pour chaque nom un bout de leur histoire dévoilé.

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Publié le par Anne Dejardin
Publié dans : #littérature, #Audio, #photos

Elle est jeune, la trentaine florissante, cheveux raides et longs, son vélo tenu à deux mains est arrêté et elle en est descendue, sans doute pour lui parler. Elles se croisent chaque année aux vacances. Elle n’a pas encore refermé le portillon par où elle vient de passer. Entre deux piliers de granit qui rappelle la façade sombre et massive, la barrière blanche doit être manipulée avec prudence. Le front de mer la ronge irrémédiablement. Il faudra encore la repeindre. La franchir le vélo à la main a pourtant à peine altéré la fluidité de sa manœuvre. Une fois le portail refermé, la villa est soustraite aux regards des vacanciers à cause du rouleau de bruyères qu’ils ont accroché au grillage par-dessus le mur. Mais si on veut maintenir l’opacité, il faut en rajouter une couche tous les trois ou quatre ans, à cause des tempêtes. C’est l’inconvénient du front de mer. Tu sais, elle dit, maintenant il faut y aller  avec lui, parce qu’il ne peut plus conduire. Il pourrait, mais il a peur. Il faut ensuite aller le rechercher. Alors tu imagines sortir en mer avec le bateau, la mise à l’eau et toute l’opération à la fin en sens inverse. On le vendra sûrement un jour, mais pour le moment, c’est trop tôt. Il ne supporterait pas l’idée. On attend. Mais c’est de plus en plus lourd. L’autre acquiesce. Elle comprend. Elle vient chaque année en camping depuis qu’au décès de ses grands-parents leur maison en préfa a été vendue. On dit qu’elle va être rasée par ceux qui ont acheté... Qui voulaient le terrain, son emplacement et rien d'autre. Tout refaire à neuf, c'est ce qui les intéressait. Tout détruire, c'était plus simple, tu comprends.

Chaumière (voix de Julie)

Mon intention :

Pour continuer mon travail Le nom qu’on leur a donné… Résidences secondaires d’une station balnéaire de la Manche. Une photo par jour, c’était sur ma page La vie en face ne vous déplaise | Facebook. J’avais volontairement laissé hors champ la villa. Parce que, avais-je écrit, « à regarder seulement la photo du nom de baptême, c’était comme regarder par le trou de la serrure et depuis ne rien voir, inventer, on pouvait ». C'est donc ce que je fais ici : pour chaque nom un bout de leur histoire dévoilé.

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Publié le par Anne Dejardin
Publié dans : #littérature, #photos
Le nom qu'on leur a donné... Résidence secondaire 3

Le nom qu'on leur a donné... Résidence secondaire 3

La série des noms qu’on a donnés à ces villas d’une station balnéaire de la Manche. Et pour partager de l’extrêmement proche très vite via Facebook, c’est photographier qu’il fallait et en publier une par jour. La photo réduite à l’inscription au fronton, sur la barrière, la boîte aux lettres, le pilier du portail… Et pour rapprocher encore l’extrêmement proche, il m’avait fallu bien souvent utiliser le zoom de mon téléphone. La maladresse pour cette manipulation, écarter ou rapprocher les deux doigts au contact de l’écran et l’énervement qui s’en suivait de devoir s’y reprendre à deux ou trois fois. Recadrer depuis l’ordinateur au retour de promenade, il fallait. Appuyer sur la touche « améliorer », mais pas toujours. Parfois l’effet sombre de la photo d’origine convenait mieux à l’ambiance de la demeure. Cadrer était synonyme de couper, rejeter tout ce qui n’était pas l’inscription, le nom qu’on leur avait donné, à elles, résidences secondaires. Où l’on ne vivait pas à l’année avec l’utilisation de ce « à », dire « à l’année » plutôt que  toute l’année, on vit ailleurs toute l’année par choix ou par obligation. Partager de ces maisons le nom dont on les a baptisées, qui véhicule l’espoir qu’on y place d’une vie rêvée, de moments parfaits, de famille unie ou de solitude réparatrice. Depuis ce seul nom, laissez chacun qui déchiffre la photo imaginer le rêve qu’il véhicule, la famille qui possède le bien. Et gommer volontairement tout le reste, le laisser hors cadre, c’est ce que je m’étais promis, pour les mettre toutes sur un pied d’égalité : le rêve que chacune avait porté. Hors champ la taille, la vue mer, les balcons ouvragés, les toitures sophistiquées, les tourelles délicates, les bow-windows lumineux, les colonnes, les terrasses abritées, tout comme hors champ la taille réduite, le crépi bon marché, le revêtement synthétique, la cabane de pêche d’origine ou celle améliorée, agrandie, la construction minuscule entre deux grosses. Hors champ les ravages du temps, la décrépitude ou la toute fraîche rénovation aux teintes à la délicate netteté. Parce qu’à regarder la photo du nom de baptême, c’était comme regarder par le trou de la serrure et depuis ne rien voir, inventer, on pouvait.

Il y avait eu la série de photos prises, mais jamais publiées, que j’aurais intitulée à la manière de Sei Shõnagon Liste des choses abîmées avec les boîtes aux lettres rouillées, les grilles de portail rongées, les barrières de bois pourrissant dont une planche manquait, les volets blancs où la rouille des gongs dégoulinait comme d’une plaie béante…

Il y a ces phrases que j’accroche aux fils électriques photographiés qui s’offrent à l’écriture comme suspendre des mots avec des pinces à linge et si je dessinais bien, c’est le dessin que je ferais moi-même. Rajouter à la plume à l’encre noire sur la photo un fin tracé de pinces à linge, deux prévues pour chaque mot, et il y en aurait assez et pas toujours une qui manque comme ça se passe dans la vraie vie.

Il y aura les photos des cheminées normandes du même lieu de la Manche en retrait  du bord de mer. Leur aspect si massif par rapport à celles de mon pays d’origine. Plus imposante parfois que la maison elle-même. Une masse de granit à défoncer le toit, l’impression qu’elle donne. Comme quand celui qui fait la courte échelle est plus chétif que celui qui grimpe et le pied sur l’épaule et parfois jusque sur la tête fait trembler pour celui dessous. La cheminée quel soit son toit d’appui à vouloir atteindre le ciel.

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Publié le par Anne Dejardin
Publié dans : #littérature, #Journal, #photos
Le nom qu'on leur a donné. Résidence secondaire (suite).

Toute la série sur mon page Facebook

La vie en face ne vous déplaise | Facebook

Texte à lire sur la wordpress de l'atelier d'écriture Tierslivre de François Bon. Lien ci-dessous :

#photofictions #01 | Pièce manquante – Tiers Livre | les cycles atelier d'écriture

Ou directement ci-dessous :

Un ovale plus rond qu’ovale en bois lamellé épais collé à un enduit de crépi clair. Il manque quelques morceaux de bois en haut à droite comme un puzzle presque achevé. Le bois  s’est patiné sous l’effet des intempéries et  des embruns. Les lettres ont été gravées directement dans la chair de la planche et elles sont bien lisibles. L’eau à stagner plus longtemps dans leurs creux les a foncées au point qu’elles paraissent noires. Le fond est clair. L’extrémité d’une tige de bambou laisse ses feuilles frôler le bois dans une caresse que la photo a figé. Elles se colorent d’un jaune inhabituel. Elles porteront témoignage de la sécheresse de l’été 2022. Si l’appareil photo de mon téléphone était de meilleure qualité, le cliché révélerait des boursouflures identifiables. Il s’agit de fines ridules dans le crépi comme quelque chose qui craque depuis le dedans. La laisse que je ne pouvais pas lâcher avait retenu mon bras, empêché le mouvement de rapprochement ou de recul que j’avais besoin d’amorcer, pour déterminer la bonne distance entre le sujet et l’appareil, l’avait entravé. Un tir à la corde entre le chien et moi. Les bras tendus avec une main encombrée. Libérer deux doigts pour zoomer.  Le résultat ne me satisfaisait pas, bien qu’à l’instant de la prise je ne puisse à peu près juger de rien avec la luminosité du soleil tombant sur l’écran. Il faudrait attendre le retour à la maison pour choisir lequel garder des trois ou quatre clichés pris. Je me sentais observée. Si cette villa était fermée, celles autour ne l’étaient pas. L’impression que leurs propriétaires m’observaient derrière leur rideau, prêts à intervenir, que faites-vous là, qu’il faudrait me justifier, expliquer que seule la plaque portant le nom de baptême de la maison m’intéressait, je pourrais leur faire voir les clichés, les rassurer, vous ne risquez pas le cambriolage, surtout éviter de parler de mon projet de publication, leurs cris imaginés rien qu’au mot Facebook, expliquer le choix du cadrage, surtout celui de tout ce qui resterait hors champ et pourquoi j’avais imaginé  mon projet ainsi, en laissant volontairement dans l’inexistence tout l’alentour de la plaque nominative comme ne photographier d’un bébé que le bracelet de naissance, celui en plastique de la maternité où le prénom était écrit à la main il y a quarante ans ou celui avec chaînette en or.  

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